Vous avez envie de récolter des légumes toute l’année mais la perspective d’avoir une serre chauffée ne vous enchante pas ? La serre semi enterrée est peut-être la solution qu’il vous faut. Définition, intérêt, principe de fonctionnement… On vous dit tout. 

Qu’appelle-t-on une serre semi enterrée ?

Il existe une grande variété de serres, qui se différencient par leur forme, leurs matériaux, leur utilité, leurs options… Mais une serre de jardin est dans tous les cas un abri avec des parois transparentes, sur une structure plus ou moins rigide, pour laisser passer la lumière du soleil. Le but est d’obtenir à l’intérieur une température plus élevée qu’à l’extérieur, généralement pour y cultiver des végétaux. La particularité de la serre semi enterrée, c’est que comme son nom l’indique, elle est sous terre. Pas entièrement bien sûr, sinon elle serait totalement isolée de la lumière, mais assez pour que seul le toit (et parfois la partie haute des murs) soit au-dessus de la surface du sol. D’où l’emploi du terme « semi ». 

Pourquoi installer une serre semi enterrée ?

L’intérêt d’utiliser une serre souterraine plutôt qu’une serre tunnel classique réside dans le fait que la température y est constante, à la fois sur la journée, et à la fois sur l’année. Et ce sans utiliser de chauffage, donc à la fois économique et écologique. Par ailleurs, ce type de construction assure une meilleure protection contre le vent. Cela permet donc de cultiver des légumes en toutes saisons, même en hiver, et de cultiver des variétés qui sont habituellement réservées aux zones au climat plus chaud, ou même tropical. 

Origine de la serre enterrée : la serre walipini

La serre bioclimatique semi enterrée reprend l’idée des serres enterrées utilisées en Amérique du Sud, plus précisément en Bolivie. On peut qualifier de bioclimatique la serre semi enterrée dans la mesure où elle s’intègre dans l’environnement pour bénéficier d’un maximum de chaleur tout en minimisant les efforts. Le tout sans utiliser d’énergie fossile ni gaspiller un volume astronomique d’eau. Dans les régions hautes, montagneuses et froides, les Boliviens ont fabriqué la serre walipini pour développer une agriculture qui fonctionne toute l’année malgré le climat peu propice. En effet, sans cette technique, il était impossible de cultiver pendant la saison froide, la période de production des légumes se limitant à l’été. Celle-ci a permis aux peuples vivant sur les hauts plateaux d’acquérir une autonomie alimentaire. Ce n’est pas le seul endroit au Monde où on trouve des serres semi enterrées, ni le premier où l’idée est apparue. D’autres pays qui subissent des hivers difficiles, comme la Mongolie, la Russie ou la Chine, en utilisent aussi depuis longtemps. Mais le terme « walipini », lui, vient de la langue aymara, parlée par le peuple du même nom, qui vit dans la région du lac Titicaca, et signifie « espace chaleureux ». Mais ce n’est pas pour autant une technique ancestrale dans le coin puisque c’est un ingénieur suisse nommé Peter Iseli qui l’a mise en place, notamment grâce à des fonds européens. 

Comment fonctionne une serre bioclimatique semi enterrée ?

Mais quel est le lien entre le fait que la serre soit enterrée et ses performances ? Le fonctionnement de la serre enterrée n’a en fait rien de compliqué. Il faut savoir pour commencer que si la serre n’est pas totalement enterrée, elle l’est en grande partie, et c’est important pour son efficacité. En effet, vous n’obtiendrez aucun des avantages d’une serre souterraine si elle est à seulement une cinquantaine de centimètres en dessous du sol. Comme dans toutes les serres bioclimatiques, le principe est de capter au maximum les rayons du soleil et de pouvoir conserver la chaleur le plus longtemps possible. Et pour cela, toujours la même logique : on utilise l’inertie thermique, c’est-à-dire la capacité d’un matériau à absorber la chaleur quand il y en a beaucoup, la stocker et la restituer ensuite quand il fait plus frais. Dans le cas d’une serre semi enterrée, c’est l’inertie thermique de la terre dont on se sert. En plus d’être dense et foncée, elle a elle-même une température stable. Celle-ci va emmagasiner l’énergie thermique provenant du soleil en journée, et parvenant à l’intérieur de la serre par le toit translucide, et la conserver jusqu’à la nuit, pendant laquelle la chaleur va se libérer et assurer ainsi une température constante. Le fait d’être en dessous du sol limite aussi fortement les effets du vent, ce qui augmente son efficacité. D’autres paramètres rentrent évidemment en compte, comme l’emplacement et l’orientation de la serre, pour lesquels les conseils de jardinage habituels s’appliquent : un endroit bien ensoleillé et une exposition sud. 

Construire sa propre serre enterrée walipini

Si le projet d’une serre semi enterrée vous intéresse et que vous vous demandez s’il est possible de la réaliser vous-même, c’est tout à fait faisable. En plus, cela ne demande pas un budget astronomique, loin de là. En revanche, étant donné la quantité de terre à excaver, il est indispensable de s’équiper d’un engin de terrassement type mini pelle, sans quoi vous risquez y passer des mois voire des années… Pour être vraiment efficace, la construction d’une serre enterrée doit respecter certains points essentiels.

Une profondeur suffisante

Le trou va constituer le volume intérieur de la serre, car dans l’idéal il n’y a que le toit qui doit dépasser. De plus, c’est la terre faisant office de paroi qui sert de masse thermique. Donc plus le trou est profond, plus la serre sera efficace. Par conséquent, il faut au minimum 1,50 mètre, et si possible davantage, jusqu’à 2,50 mètres, pour un effet optimal. Ainsi vous pourrez espérer conserver une température de 10-12°C. 

L’angle d’inclinaison du toit

Celle-ci n’est pas laissée au hasard. Afin d’éviter des chaleurs extrêmes en été, et au contraire d’en capter le plus possible en hiver, le toit doit être incliné de sorte à ce que les rayons du soleil forment un angle de 90°C avec celui-ci en hiver. C’est le même principe que l’on utilise pour chauffer les maisons bioclimatiques. Le toit de la serre peut être à double pente ou à pente simple, dans ce dernier cas l’inclinaison souhaitée sera obtenue en construisant un mur plus haut au nord. Le toit peut être fait d’une structure en bois recouverte de plaques de plastique ou de vitres, mais une bâche polyéthylène ou PVC comme celles des serres tunnel peut aussi être employée. 

Une bonne étanchéité

Les « murs » de la serre semi enterrée étant constitués de terre, il est primordial de parer à tout risque d’inondation, sans quoi ils pourraient vite s’écrouler. Pour cela, l’étanchéité doit être parfaite. Avant de commencer les gros travaux, il faut également s’assurer de ne pas se trouver au-dessus d’une nappe phréatique, ou alors à plus de 1,50 mètre. 

Une aération suffisante

Si vous êtes un jardinier aguerri, vous le savez, trop d’humidité, ce n’est pas bon pour vos cultures. Même si votre construction est bien imperméable, le développement de vos plantations va forcément générer de la vapeur d’eau. Une cheminée ou un système de trappe peut aider à faire circuler l’air pour éviter des désagréments. D’autant plus qu’en été, l’aération est primordiale pour limiter la montée en température. 

La qualité de la terre

Le sol est fait de couches successives dont la composition est très différente. A partir d’un mètre de profondeur, sa texture n’a rien à voir avec la couche supérieure. Et c’est cette dernière qui contient l’humus et les micro-organismes nécessaires au développement des végétaux. Il faudra donc si possible replacer la terre du dessus, celle retirée au tout début, au « sol » de votre serre. 

Vous l’aurez compris, le principe de la serre semi enterrée est très simple : il repose essentiellement sur la notion d’inertie thermique. Son installation ne requiert pas beaucoup de matériaux mais demande un travail d’excavation assez conséquent qui peut freiner certains dans le projet. Ce type de serre est pourtant efficace tout en étant écologique et gagnerait à être connu davantage. 

Alexis Tonneau

Alexis, cinquième génération à la barre de Les Serres Tonneau depuis 2021, incarne l'innovation au sein d'une tradition familiale débutée en 1962. Formé en ingénierie, avec un parcours enrichi dans la cosmétique et la chimie de l'emballage, il a choisi de poursuivre l'œuvre de sa famille en embrassant les défis du jardinage moderne. Passionné par le lien entre l'homme et la nature, Alexis voit le jardinage comme un acte de pleine conscience, un moyen de ralentir et de se reconnecter à soi dans un monde rapide.

Sous sa direction, Les Serres Tonneau promeut une vision du jardinage durable, rejetant la surconsommation pour des serres simples, efficaces, et écologiques. Alexis défend la permaculture et l'agroécologie, envisageant un avenir où culture et jardinage riment avec respect de l'environnement.

À travers ses écrits, il partage sa conviction que des pratiques durables peuvent transformer notre relation à la terre, encourageant chaque jardinier à adopter une approche plus consciente et respectueuse. Alexis aspire à inspirer une nouvelle génération de jardiniers, guidés par les principes de durabilité et d'innovation, pour cultiver un avenir plus vert pour notre planète.