Aujourd’hui, le métier de maraîcher rencontre un fort succès. Lassitude face aux bruits de la ville, stress au travail toujours plus important, besoin de reconnexion à la terre et aux autres, recherche de sens dans leur vie professionnelle, de nombreuses personnes se lancent dans cette belle aventure. Cela vous démange à vous aussi ? Découvrez alors nos conseils avant de sauter le pas.
En quoi consiste le travail d’un maraîcher ?
Le maraîcher est une personne qui cultive des légumes ou des fruits à plus ou moins grande échelle, afin de les vendre. Il prépare le sol, effectue des semis, transplante les pousses, arrose ses cultures, les entretient, et récolte sa production. Il utilise parfois des outils spécifiques voire des machines agricoles lorsqu’il cultive sur des parcelles importantes. Le maraîchage peut se faire sous serre mais ce n’est pas obligatoire. Dans ce cas, il utilise une serre professionnelle, ou plusieurs, sur son exploitation. Le métier de maraîcher fait partie du secteur de l’agriculture, au même titre que les métiers d’éleveur, d’apiculteur ou encore de viticulteur. Il peut exercer son activité en bio ou en mode traditionnel. Certains commercialisent leur production dans leur propre boutique, tandis que d’autres vendent sur les marchés ou encore directement à des professionnels comme les restaurateurs.
Quelle formation pour devenir maraîcher indépendant ?
Parmi les personnes désireuses de commencer une activité de maraîcher, nombreuses sont celles qui le font au cours d’une reconversion professionnelle. Dans ce cas, il est possible de passer un Brevet Professionnel Responsable d’Entreprise Agricole (BPREA), diplôme de niveau bac qui forme aussi bien sur l’aspect technique, l’aspect commercial, la partie ressources humaines, que sur le côté gestion nécessaire lors d’une création d’entreprise. Les apprenants pourront aussi faire une étude de marché et établir un business plan qui déterminera les sommes nécessaires au départ du projet puis au cours de la vie de l’entreprise. La formation dure en moyenne dix-huit mois, comprend bien sûr de nombreux stages professionnels et permet d’obtenir la capacité professionnelle agricole, précieux sésame pour l’obtention des aides d’Etat. Il existe différentes options suivant le métier auquel on se destine.
En formation initiale, plusieurs voies sont possibles pour exercer l’emploi de maraîcher : vous pouvez passer un BEP ou CAP agricole, ou un baccalauréat professionnel floral, légumier et horticole qui donne, lui aussi, droit à la capacité professionnelle agricole. Sans diplôme de niveau IV, vous ne pourrez pas l’obtenir et devrez faire une demande d’autorisation d’exploiter pour exercer.
Bon à savoir : le diplôme est fortement conseillé pour connaître les bases du métier mais il n’est en aucun cas obligatoire pour s’installer.
Sous quel statut exercer ?
Tout d’abord, il faut savoir que pour devenir maraîcher indépendant, comme pour tout métier indépendant, il faut créer son entreprise. Il n’est pas nécessaire de créer une société, en effet les agriculteurs peuvent exercer en leur nom propre.
Si vous débutez, si vous voulez vous lancer progressivement, tester le métier tout en conservant votre emploi actuel, il existe un statut d’agriculteur à titre secondaire. Celui-ci est réservé à ceux qui consacrent moins de la moitié de leur temps à leur activité agricole et en retirent moins de la moitié de leurs revenus. Les modalités d’obtention des aides ne sont pas tout à fait les mêmes que pour un agriculteur qui exerce à titre principal. Celui-ci, à contrario, doit passer plus de 50% de son temps et générer plus de 50% de ses revenus avec le chiffre d’affaires de son activité agricole. Dans les deux cas, les professionnels, maraîchers ou autres, exploitent une surface qui représente au moins la moitié de ce que l’on appelle la Superficie Minimale d’Installation (la SMI). Cette surface dépend de la région dans laquelle vous exercez. Si les conditions de surface ne sont pas respectées, l’exploitant ne bénéficie pas de la couverture sociale malgré son inscription à la Mutualité Sociale Agricole (MSA) et possède un statut de cotisant solidaire. Son travail doit lui demander entre 150 et 1 200 heures par an.
En revanche, vous ne pouvez pas exercer sous le statut d’auto entrepreneur. En effet, celui-ci est incompatible avec les activités qui dépendent du régime social de la MSA.
Pour les démarches, il convient de se rapprocher du Centre de Formalité des Entreprises (CFE) auprès duquel vous effectuerez les déclarations nécessaires pour obtenir votre numéro Siret et qui informera les autres organismes qui doivent l’être.
Comment obtenir la certification bio ?
Les consommateurs ont des exigences croissantes au sujet de leur alimentation, qu’il souhaite la plus saine possible. Pour exercer une activité de maraîchage reconnue comme biologique, il est nécessaire d’obtenir la certification bio. Pour cela, des contrôles doivent être passés. Ceux-ci attestent que les produits sont cultivés de manière naturelle, dans le respect de l’environnement et sans produits chimiques de synthèse. Si ces derniers ont été utilisés sur le terrain de culture, il faudra attendre trois ans avant de pouvoir prétendre à une activité de maraîchage bio. Le droit d’utiliser le logo de l’agriculture biologique permet de renforcer la confiance des clients. Comme pour devenir maraîcher, il n’y a pas de formation obligatoire pour devenir maraîcher bio.
Il est possible d’exercer en permaculture, qui se rapproche de la culture bio par certains aspects mais qui ne signifie pas exactement la même chose. La permaculture s’inspire du fonctionnement de la nature, notamment de l’écosystème forestier, en agissant non pas contre, mais avec les éléments naturels. Elle prône le respect de la terre, des humains et de la biodiversité. Un maraîcher bio ne procède pas obligatoirement en permaculture, mais un maraîcher en permaculture est normalement logiquement en agriculture bio, même s’il n’a pas demandé la certification.
Quelles qualités sont nécessaires pour exercer ce métier ?
Le métier de maraîcher, bio ou non, n’est pas à la portée de tous. Si vous avez choisi de vous lancer sans suivre une formation de maraîchage, c’est possible. Mais il faut bien avoir à l’esprit que cela n’aura rien de comparable avec le petit potager dans lequel vous aviez l’habitude de jardiner chez vous. Ce professionnel devra avoir des connaissances pointues sur toutes les espèces de fruits ou légumes qu’il compte cultiver, maîtriser parfaitement les techniques de semis, de traitement, de récolte, disposer de compétences lui permettant de déterminer le meilleur arrosage, de savoir comment orienter sa serre, parfois comment conduire un tracteur… C’est une activité difficile qui demande une très bonne condition physique. Il faut être polyvalent pour gérer à la fois ses cultures mais aussi parfois une équipe, et bien vendre ses produits. Il est important de parvenir à tisser un réseau de fournisseurs, clients potentiels, autres agriculteurs… Toutefois, le conseil le plus important que nous pouvons vous donner est de favoriser l’expérience. C’est sur le terrain et par la pratique que l’on apprend le mieux, alors faites autant de stages, de woofing, de bénévolat que vous le pouvez dans le domaine. Et cela permet de tester sa motivation ! Enfin, celui ou celle qui souhaite fonder son entreprise et devenir maraîcher devra s’armer de patience. Parvenir à une activité assez rentable pour en vivre convenablement peut prendre beaucoup de temps.
Comment se démarquer dans le domaine du maraîchage ?
L’activité de maraîchage est à la mode et un nombre croissant de personnes souhaite devenir maraîcher en reconversion notamment. Comment être sûr de trouver une clientèle ? Quelles perspectives d’évolution aurez-vous en vous lançant dans cette voie ? La certification bio est de plus en plus recherchée, elle permet déjà de sortir du lot par rapport aux autres maraîchers. Vous pouvez vous orienter vers la culture de légumes anciens aussi appelés légumes oubliés, que cultivaient les ancêtres et qui sont actuellement remis au goût du jour. Ou choisir des variétés de fruits et légumes peu communes, quitte à n’en cultiver que deux ou trois. Opter pour une ferme écologique et durable, par exemple en travaillant avec des chevaux de trait plutôt qu’avec des tracteurs, peut être une idée intéressante. Il y a aussi la possibilité de réaliser des animations dans votre ferme, en y accueillant divers types de publics et en créant une ferme pédagogique, ce qui vous permettra en outre de générer des revenus supplémentaires. Enfin, vous pourrez à votre tour dispenser des formations afin de partager le savoir-faire que vous aurez acquis au fil des années de travail.
A quelles difficultés faut-il s’attendre en devenant maraîcher ?
L’une des principales difficultés rencontrées par les nouveaux maraîchers qui s’installent est l’obtention du terrain. Ceux-ci sont rares et par conséquent leur prix est très élevé. Si vous avez hérité d’un terrain familial, vous avez de la chance ! Mais ce n’est pas le cas de tout le monde. Toutefois, il n’est pas nécessaire de disposer d’une surface immense pour faire pousser des légumes. En cultivant sous serre tunnel, on optimise l’espace et il n’est donc pas indispensable de posséder des dizaines d’hectares. Si vous prévoyez de vous lancer dans le maraîchage bio, ce sera encore plus laborieux puisque le terrain devra être exempt de pesticides depuis au moins trois ans.
Les démarches d’installation peuvent être longues et compliquées, de la création de votre entreprise au respect de la réglementation serre de jardin.
Il est également complexe lors des débuts de constituer un réseau assez développé pour faire votre clientèle.
Pour devenir maraîcher, vous pouvez choisir parmi plusieurs formations ou privilégier l’expérience. Exercer en bio ou en permaculture vous permettra de sortir du lot et d’attirer une clientèle exigeante. Il vous faudra beaucoup de patience et de motivation face aux difficultés que vous pourrez rencontrer, mais le jeu en vaut la chandelle !
Et le maraîchage en agroécologie ?
Si vous souhaitez embrasser le maraîchage en adoptant des pratiques agroécologiques, il existe des opportunités de formation pour vous aider à réussir dans ce domaine. Le Compagnonnage en Maraîchage Agroécologique, proposé par Fermes d'Avenir, est un programme de formation complet qui vous permettra de développer les compétences nécessaires pour vous installer en tant que maraîcher agroécologique. Ce programme comprend les éléments suivants :
- Immersion itinérante sur 3 fermes avec 3 stages de 2 mois : Vous apprendrez en pratiquant sur le terrain, en conditions réelles, ce qui vous donnera une expérience pratique précieuse.
- Intervention d'experts : Vous bénéficierez des conseils d'experts pour approfondir vos connaissances théoriques et vous préparer à votre installation en tant que maraîcher agroécologique.
- Accompagnement individuel : Vous recevrez un soutien personnalisé pour élaborer votre projet professionnel et vous aider à réussir dans le secteur du maraîchage agroécologique.
De plus, vous aurez la possibilité de choisir entre les options BPREA ou BP Horticulture pour acquérir les connaissances théoriques nécessaires et obtenir un diplôme agricole. Le Programme Compagnonnage propose trois parcours au choix, dont le parcours Compagnonnage pour une installation en région Île-de-France ou au niveau national. À l'issue de ce parcours, vous serez en mesure de mettre en place un système holistique de conception et de gestion de votre ferme, de préparer et de conduire une production légumière, de commercialiser votre production, d'aménager et d'entretenir votre ferme, et de diversifier vos activités agricoles.
Si vous êtes une personne réfugiée, il existe également un parcours Passerelle qui vous permettra d'acquérir des compétences essentielles pour vous lancer dans le maraîchage agroécologique.
En fin de compte, le maraîchage en agroécologie offre de nombreuses opportunités pour ceux qui souhaitent s'engager dans une agriculture respectueuse de l'environnement et axée sur des pratiques durables. Avec la formation adéquate, vous pourrez développer les compétences nécessaires pour réussir dans ce domaine en pleine croissance.
Fermes d'Avenir propose également des formations aux particuliers comme la formation créer son projet d'autonomie alimentaire et et énergétique.
Sources
- Arrêté du 9 mars 2017 portant création de l'option « responsable d'entreprise agricole » du brevet professionnel et fixant ses conditions de délivrance - https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000034208320
- Préparer son installation en agriculture - https://mesdemarches.agriculture.gouv.fr/demarches/exploitation-agricole/creer-ou-ceder-une-exploitation/article/preparer-son-installation-en-562
- ONISEP - BP responsable de productions légumières, fruitières, florales et de pépinières - https://www.onisep.fr/ressources/univers-formation/formations/Lycees/bp-responsable-de-productions-legumieres-fruitieres-florales-et-de-pepinieres
- Fermes D'Avenir - https://fermesdavenir.org/se-former-agroecologie
Alexis Tonneau
Alexis, cinquième génération à la barre de Les Serres Tonneau depuis 2021, incarne l'innovation au sein d'une tradition familiale débutée en 1962. Formé en ingénierie, avec un parcours enrichi dans la cosmétique et la chimie de l'emballage, il a choisi de poursuivre l'œuvre de sa famille en embrassant les défis du jardinage moderne. Passionné par le lien entre l'homme et la nature, Alexis voit le jardinage comme un acte de pleine conscience, un moyen de ralentir et de se reconnecter à soi dans un monde rapide.
Sous sa direction, Les Serres Tonneau promeut une vision du jardinage durable, rejetant la surconsommation pour des serres simples, efficaces, et écologiques. Alexis défend la permaculture et l'agroécologie, envisageant un avenir où culture et jardinage riment avec respect de l'environnement.
À travers ses écrits, il partage sa conviction que des pratiques durables peuvent transformer notre relation à la terre, encourageant chaque jardinier à adopter une approche plus consciente et respectueuse. Alexis aspire à inspirer une nouvelle génération de jardiniers, guidés par les principes de durabilité et d'innovation, pour cultiver un avenir plus vert pour notre planète.