Comment réduire l’utilisation des pesticides ?

Catégories : Jardinage
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Vous avez déjà vu ce mot de nombreuses fois, sur les couvertures des magazines, à la télé, ou ne serait-ce qu’en faisant vos courses : les produits exempts de pesticides affichent fièrement leur particularité. Mais que veut dire pesticides ? En existe-t-il plusieurs sortes ? Pourquoi sont-ils si décriés ? Et surtout, y a-t-il des solutions pour faire autrement ?

réduction utilisation pesticide

Les pesticides, qui sont-ils exactement ?

Le terme pesticides provient de l’anglais « pest » qui signifie ravageurs, nuisibles, et du latin « cida » qui signifie tuer. Les pesticides sont des substances la plupart du temps fabriquées en laboratoire, dont le but est d’éliminer les organismes nuisibles qu’ils soient des insectes, des champignons, des bactéries ou encore des plantes, ou d’éviter leur apparition. En agriculture, leur usage est très fréquent pour éviter les mauvaises herbes ou prévenir les maladies et éloigner les insectes. On les appelle alors aussi produits « phytopharmaceutiques » (ou « ppp ») puisque destinés à la protection des plantes. Il en existe plus de 1 000 sortes, dont le malheureusement célèbre glyphosate ou les néonicotinoïdes, avec des compositions et des manières d’agir très différentes, ciblés sur diverses familles de végétaux. Ils sont très employés par les grands groupes agricoles qui ont des pratiques de culture intensives, mais aussi par de nombreux particuliers dans leurs jardins. Il existe aussi des pesticides destinés au traitement du bois, au traitement des infestations des bâtiments (pour lutter contre les fourmis, les rats, cafards, mites…), ou encore pour traiter les maladies et infestations humaines et animales dues à des parasites internes ou externes (vers, poux, puces…). Une poignée d’entreprises se partage plus des trois quarts du marché mondial des pesticides de synthèse qui pèse plusieurs dizaines de milliards de dollars. 

Pourquoi réduire l’utilisation des pesticides : impacts sur la santé et l’environnement

Si les insecticides sont de plus en plus décriés, c’est à cause de leurs effets sur la santé humaine, animale, sur la biodiversité et l’environnement de manière générale. Quand on sait que la France est le pays européen qui consomme le plus de ces produits phytosanitaires, il y a de quoi s’inquiéter.

Impacts sur l’environnement

La plupart des pesticides de synthèse contient des polluants éternels, c’est-à-dire des éléments nocifs pour l’air, le sol, l’eau, la vie de manière générale, qui ne seront jamais éliminés. Ceux-ci se retrouvent à tous les niveaux, notamment dans la terre, les nappes phréatiques… Des analyses effectuées dans plusieurs villes françaises ont démontré la présence de pesticides dans les eaux de pluie, dans des proportions supérieures aux seuils maximum autorisés pour l’eau du robinet. 

impact environnement pesticides

Conséquences sur la biodiversité

Les éléments toxiques contenus dans les pesticides se retrouvent directement ou indirectement (en remontant toute la chaîne alimentaire) dans le métabolisme de nombreuses espèces végétales et animales. Ils sont la cause principale du déclin de la population des oiseaux européens, des invertébrés aquatiques, et d’insectes comme les papillons et les abeilles. En supprimant certaines populations, le fragile équilibre naturel est déréglé et c’est tout l’écosystème qui se casse la figure.

Effets sur la santé humaine

Si des doutes sont encore possibles concernant certaines maladies ou problèmes, de nombreuses affections sont désormais reconnues comme étant plus fréquentes suite à l’exposition aux pesticides. En effet, les produits phytosanitaires contiennent pour la plupart des substances cancérogènes, mutagènes (c’est-à-dire pouvant modifier notre ADN), reprotoxiques (influençant les capacités de reproduction), des polluants éternels et des perturbateurs endocriniens. Voici une liste non exhaustive de maladies et troubles divers pour lesquels des études ont prouvé le lien avec l’utilisation des pesticides : 

  • maladie de Parkinson,
  • maladie d’Alzheimer,
  • bronchite chronique,
  • certaines leucémies,
  • troubles cognitifs,
  • dépression,
  • cancers divers, notamment de la prostate, des testicules et du cerveau,
  • infertilité,
  • malformations...

Les intoxications aigues sont aussi particulièrement fréquentes, pouvant causer la mort suivant la dose. 

Enfin, la présence de plusieurs molécules différentes simultanément créent d’autres risques, potentiellement encore plus graves, que la recherche n’a pas encore identifié. 

Comment savoir si on est exposé ?

Si les agriculteurs sont les plus exposés à ces risques car travaillant quotidiennement au contact de ces poisons, nous le sommes clairement tous. Air que nous respirons, sol que nous cultivons, eau que nous buvons, aliments que nous ingérons, de nombreuses études ont démontré qu’ils sont présents partout, même dans des zones très éloignées des espaces destinés aux cultures. Le risque existe donc même en habitant en plein centre ville, loin des parcelles agricoles. Ces substances chimiques nocives ont même été retrouvées dans des lieux que l’on associe encore à la nature brute, comme l’Arctique. 

Il est donc complètement illusoire de se croire en totale sécurité parce qu’on cultive un jardin écologique, ou parce que notre culture est mise à l’abri sous une serre tunnel

Quelles sont les méthodes efficaces pour réduire l'usage des pesticides ?

Alors que l’on connaît depuis des années les risques et même les effets, pourquoi y a-t-il toujours autant de pesticides dans notre environnement ? 

Premièrement, si tant est que nous stoppions directement toute utilisation de pesticides sur toute la planète au moment où vous lisez ces lignes, nos organismes, nos sols, notre eau, notre atmosphère et à peu près tout ce qui nous entoure de vivant ou non en contiendraient encore pendant des décennies, voire peut-être des siècles. Et nous sommes très loin de cette situation. 

Pourtant, dans plusieurs pays du monde, des plans sont mis en place pour forcer à la réduction des quantités de produits phytopharmaceutiques utilisés et interdire les plus dangereux, comme le plan ecophyto en France. Et les alternatives ne manquent pas pour protéger les cultures autrement, alternatives que l’on pourrait regrouper sous le terme d’agroécologie (différente de l’agriculture bio).

Rotation des cultures

Consistant à changer les espèces cultivées sur les parcelles d’année en année, sur un cycle de 5 à 7 ans, cette méthode a pour effet d’éviter le report de maladies d’une année sur l’autre, ainsi que les attaques de ravageurs. 

Association de cultures

Bien connu en permaculture, ce système permet de bénéficier de protection mutuelle entre différentes espèces végétales, qui existent déjà dans la nature et permettent de préserver son équilibre.

Apport de compost

L’utilisation de compost permet à la fois de recycler une partie de nos déchets (un autre gros problème !) et de fertiliser de manière très efficace les cultures sans les polluer.

Choix de variétés plus résistantes

Pas besoin de modifier génétiquement les plantes, la nature a déjà tout prévu. Certaines espèces ou variétés sont plus résistantes que d’autres pour combattre telle ou telle maladie ou se défendre contre tel ou tel ravageur. Il suffit d’associer la plante à l’environnement auquel elle est le plus adaptée. 

Attirer les auxiliaires

Plutôt que de détruire les populations d’insectes, nous pouvons travailler avec eux pour des plantes en meilleure santé, et ils ne demanderont rien d’autre en échange que d’en prélever une petite partie. L’installation de certaines variétés mellifères à proximité peut attirer ses insectes   

Utilisation de couvre-sol

Certaines espèces végétales, notamment des vivaces, comme le trèfle, les plantes aromatiques et les graminées, créent en poussant un tapis végétal qui empêche la lumière de passer et donc les autres herbes indésirables de s’installer. En bonus, elles empêcheront le sol de trop monter en température et leurs racines aéreront la terre. 

Emploi de biopesticides

Ce terme regroupe des produits qui ont le même objectif que les pesticides de synthèse, mais qui sont à base d’éléments naturels et donc plus respectueux : à base de plantes, de phéromones, de micro-organismes… 

Toutes ces méthodes ont pour but de produire de manière raisonnable et responsable, en respectant la nature mais aussi en l’imitant. Différents systèmes sont mis en place et tous ensemble ils permettent de faire face aux problématiques rencontrées. 

La dangerosité des pesticides de synthèse ne fait plus aucun doute et ceux-ci devraient être retirés du marché. Mais toutes les méthodes alternatives, pourtant simples, demandent de repenser totalement l’agriculture alors qu’elle fonctionne sur un mode intensif et non respectueux de la nature depuis des décennies. Des sommes colossales sont en jeu et la pression de certains lobbys rend difficile les changements radicaux qu’il faudrait effectuer. C’est également à nous, en tant que jardiniers mais aussi et surtout en tant que consommateurs, de refuser la situation en privilégiant les produits qui nous empoisonnent le moins. 

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