Le paillage, c’est vraiment la panacée. Du moins, c’est ce qui ressort de la plupart des articles de sites internet, des livres et revues de jardinage ou encore des vidéos sur le sujet. Si bien que vous culpabilisez de ne pas vous y être déjà mis. Ou au contraire, vous avez mis directement du paillage partout, du jardin au potager, au pied de tous les arbres et arbustes et dans toutes vos allées de culture. Oui, le paillage est plutôt un bon allié pour le jardinier, mais il y a quelques trucs à savoir pour l’utiliser intelligemment. Rappelons rapidement ce que c’est, quels sont ses avantages, et nous aborderons ensuite les inconvénients que cette technique peut représenter. 

C’est quoi le paillage ? Petit rappel

Le paillage consiste à étaler une couche de matière organique, le paillis, à la surface du sol afin de le protéger et de le nourrir simultanément. Il peut aussi bien se pratiquer au pied des plantes que sur une terre non cultivée afin de la préparer pour la saison prochaine. Il est possible d’utiliser ce procédé en plein air, sous une serre de jardin, ou même dans un pot. La technique imite la nature dans laquelle, à l’instar de la forêt, le sol n’est jamais à nu. Les avantages du paillage sont nombreux et vous feront économiser plusieurs jours de travail au jardin, qu’il s’agisse de désherbage ou d’arrosage. En effet, recouvrir le sol de matière organique en épaisseur suffisante va conserver l’humidité en évitant que l’eau ne s’évapore trop vite, vous économisant de nombreux arrosages. Cela va aussi limiter la prolifération des herbes en empêchant la lumière de passer et d’atteindre la terre. Cette couche protectrice va protéger la base des plantes des intempéries, de la sécheresse, du froid et de la chaleur, et favoriser la vie du sol. Les matières organiques vont se décomposer au pied de vos cultures, leur fournissant ainsi de nombreux nutriments précieux tout en améliorant la biodiversité. Vous pouvez bien sûr utiliser de la paille, et c’est de là que provient le terme « paillage », mais il existe une multitude d’autres matières pour constituer un paillis. Feuilles mortes, bois raméal fragmenté (BRF), foin, herbes de tonte ou encore épluchures de fruits et légumes peuvent être employés, en prenant garde aux proportions d’azote et de carbone. Le paillis peut être composé de matières non organiques, allant des cailloux au film plastique en passant par le sable et les tuiles. Dans ces cas-là, la protection du sol est généralement très efficace mais l’inconvénient d’un paillage minéral ou synthétique est que l’enrichissement du sol est nul. Vous trouverez un article complet traitant du paillage du potager sur notre site. 

Pailler, d’accord, mais au bon moment !

Nous venons de voir les principaux avantages du paillage, et cela justifie l’utilisation de cette technique. Ce n’est pas pour rien si cette pratique arrive souvent en tête des meilleurs conseils de jardinage ! Mais il faut néanmoins être informé des inconvénients du paillage, ou plutôt de ses subtilités, pour ne pas procéder n’importe comment. Une fois placé au sol, le paillis isole celui-ci du chaud et du froid. Et c’est ce que nous recherchons, la plupart du temps… mais pas toujours ! En effet, à la sortie de l’hiver, le sol a besoin des rayons du soleil pour se réchauffer et être prêt à accueillir les premiers semis et plantations. Rien ne vous empêche de laisser en place votre couche de protection pendant les mois les plus froids, bien au contraire ! Mais il faudra la retirer assez tôt pour que la terre bénéficie des premières chaleurs, de préférence plusieurs semaines avant de commencer à jardiner. De la même façon, poser un paillis sur un sol gelé n’est pas du tout souhaitable, car c’est le froid que vous allez emprisonner ! En période de fortes et fréquentes pluies, il est préférable également de retirer le paillis afin d’éviter de se retrouver avec le sol gorgé d’eau, ce qui s’avèrerait néfaste pour la faune du sol. 

Le paillage c’est super, mais pas avec n’importe quoi !

Suivant le type de matière organique que vous utiliserez, sa composition sera très différente. Il y a tout d’abord la distinction entre les matières azotées et les matières carbonées, appelées aussi matières vertes et matières brunes. Les premières se décomposeront rapidement et nourriront principalement les plantes, tandis que les secondes auront une dégradation plus lente et bénéficieront davantage au sol en lui-même, sur du long terme. Tous les végétaux ont besoin des deux, mais dans des proportions différentes. Les tontes de gazon sont des matières vertes tandis que la paille par exemple est une matière brune. Par ailleurs, certains paillis sont plus acidifiants que d’autres, tels les résineux comme le thuya ou le pin, et risquent de détruire toute la population de champignons dans la terre. 

Le paillis, pas pour tout le monde !

Avec un paillis, moins d’arrosage, moins de chaleur, moins d’herbes indésirables… Oui mais, qu’en est-il des plantes qui apprécient la chaleur et n’aiment pas trop être arrosées ? C’est simple, évitons simplement de recouvrir leur sol de paillage ! Les plantes de la famille des alliacées telles que l’ail, l’échalote ou l’oignon par exemple, se porteront mieux sans aucun ajout de matière. 

Un paillis, sauf pour les semis

Le printemps arrive, et avec lui le moment d’installer vos diverses variétés en place au potager. Pour celles qui ont commencé leur croissance dans des godets installés au chaud dans la maison, la véranda ou une serre tunnel, il ne sera pas difficile d’écarter le paillis pour leur faire une place. En revanche, si vous comptez débuter par des semis en pleine terre, l’opération risque d’être relativement plus compliquée après la mise en place d’un paillage. Imaginez, les petites graines vont se perdre dans l’épaisseur de la couche de matière sans jamais trouver la surface du sol, elles qui nécessitent une terre plutôt fine et régulière. Il est donc préférable de creuser des fossés ou des trous pour pouvoir placer vos semences. Mais si vous semez au printemps, et que vous avez suivi les conseils précédents, votre terre devrait déjà être entièrement débarrassée du paillis. Et ce n’est pas plus mal, étant donné ce que l’on va vous expliquer dans le point suivant. 

Un hôtel restaurant pour les limaces…

Le paillage, ça attire bon nombre de petits insectes et autres bébêtes qui vont aider à la décomposition des matières organiques et par conséquent fournir des nutriments au sol. Mais cela attire aussi d’autres bébêtes un peu plus grosses, et moins les bienvenues. Notamment les limaces. Alors oui, les limaces, comme les escargots, les fourmis et tous les animaux que vous trouvez dans votre jardin, ont un rôle important à jouer dans l’écosystème. Si certains insectes mal-aimés sont chargés de l’élimination des matières végétales et animales mortes, les limaces interviennent juste avant dans la chaîne de décomposition. Elles se nourrissent des plantes et légumes tout juste flétris, tout en hydratant et aérant le sol et en servant de repas à d’autres auxiliaires tels le hérisson ou le lézard. Elles seront bien dans la plupart des paillis et y éliront domicile aisément, donc si vous plantez ou semez juste à côté de leur logis, elles risquent fort d’être tentées par un petit déjeuner facile, même si ce n’est pas ce qu’elles sont censées manger. Attirer davantage de prédateurs peut vous aider à résoudre le problème des limaces. 

…et les oiseaux !

Les oiseaux, c’est beau, on les aime bien en général. Et le fait qu’il vienne manger quelques escargots, des limaces, et trois ou quatre vers de terre de temps et temps ne nous embête pas. Mais suivant le paillage utilisé, celui-ci va contenir beaucoup de petits animaux appétissants pour les oiseaux et les attirer plus qu’habituellement. En grattant dans le paillis pour les débusquer, les oiseaux risquent de causer des ravages importants sur vos jeunes plantules, ou vos semis, si vous n’avez pas suivi les conseils précédents et semé avec du paillage. Les oiseaux ont moins tendance à gratter dans des paillis type paille ou foin que dans du bois raméal fragmenté par exemple.  

Vous connaissez désormais les principaux inconvénients du paillage. Par conséquent, il vous suffit maintenant d’analyser la situation et de choisir la bonne matière, le bon moment et les endroits appropriés pour appliquer un paillis au sol. Avec un minimum de réflexion en amont, vous saurez tirer profit de cette technique qui reste quoi qu’il en soit un super atout au jardin comme au potager !

Alexis Tonneau

Alexis, cinquième génération à la barre de Les Serres Tonneau depuis 2021, incarne l'innovation au sein d'une tradition familiale débutée en 1962. Formé en ingénierie, avec un parcours enrichi dans la cosmétique et la chimie de l'emballage, il a choisi de poursuivre l'œuvre de sa famille en embrassant les défis du jardinage moderne. Passionné par le lien entre l'homme et la nature, Alexis voit le jardinage comme un acte de pleine conscience, un moyen de ralentir et de se reconnecter à soi dans un monde rapide.

Sous sa direction, Les Serres Tonneau promeut une vision du jardinage durable, rejetant la surconsommation pour des serres simples, efficaces, et écologiques. Alexis défend la permaculture et l'agroécologie, envisageant un avenir où culture et jardinage riment avec respect de l'environnement.

À travers ses écrits, il partage sa conviction que des pratiques durables peuvent transformer notre relation à la terre, encourageant chaque jardinier à adopter une approche plus consciente et respectueuse. Alexis aspire à inspirer une nouvelle génération de jardiniers, guidés par les principes de durabilité et d'innovation, pour cultiver un avenir plus vert pour notre planète.