Vous avez probablement déjà entendu parler des maisons bioclimatiques. Savez-vous ce que « bioclimatique » signifie exactement ? Et savez-vous qu’il existe aussi des serres bioclimatiques ? Si pour vous, jardiner va de pair avec le respect de l’environnement, cela devrait vous intéresser.
C’est quoi une serre bioclimatique ?
Quand on parle de bâtiment bioclimatique, la serre de jardin fait partie des possibilités. Un bâtiment bioclimatique, c’est un bâtiment construit en tenant compte de la géographie, du climat, de la composition du sol, des écosystèmes alentours, bref, de toutes les caractéristiques du lieu d’implantation, pour à la fois en tirer partie et à la fois le respecter. En un mot, vivre en symbiose avec son environnement. Les constructions bioclimatiques permettent un meilleur confort tout en diminuant les besoins énergétiques, qu’il s’agisse de chauffer ou de refroidir un logement. Elles utilisent souvent les énergies renouvelables comme l’énergie solaire, mais tout est calculé pour que les besoins en énergie soient les plus faibles possibles. Une construction passive est un bâtiment qui ne va quasiment rien consommer en énergie, voire ne rien consommer du tout. Une serre bioclimatique est donc une serre de jardin pensée et construite pour être peu gourmande en énergie, pour un maintien de température très efficace. Les serres classiques, lorsqu’elles ne disposent pas de chauffage, montent vite en température la journée mais perdent très vite celle-ci une fois la nuit tombée. Alors qu’une serre bioclimatique va non seulement capter, mais aussi emmagasiner l’énergie solaire en journée pour la restituer le soir et la nuit.
Comment fonctionne une serre bioclimatique ?
Une serre bioclimatique va donc être très efficace avec peu d’efforts. Mais qu’est-ce qui retient la chaleur dans une serre de ce type ? Tout tourne autour de la rétention de l’énergie thermique provenant du soleil. Il faut réussir à en capter un maximum et ensuite, éviter d’en perdre par tous moyens. On va donc favoriser tout ce qui va permettre de chauffer davantage la serre, et mettre en place un ensemble de barrages pour empêcher cette chaleur de s’échapper. La première chose à faire est évidemment de choisir un emplacement très exposé aux rayons du soleil, ce qui est valable pour toutes les serres. La deuxième est de l’orienter intelligemment afin que ces rayons y pénètrent un maximum. On peut, dans le cas d’une serre tunnel, choisir d’utiliser plutôt une bâche thermique diffusante qu’une bâche classique, car celle-ci va permettre une meilleure diffusion de la chaleur provenant des rayons du soleil. Ensuite, il est possible d’isoler les parties par lesquelles la chaleur de la serre est susceptible de s’en aller, notamment le mur exposé au nord. Cela peut se faire de manière sophistiqué mais pas forcément : l’ajout de papier bulles sur les parois peut déjà être efficace. La prochaine étape consiste à installer une masse thermique importante, qui va emmagasiner cette chaleur. Il s’agit généralement de plusieurs gros bidons d’eau peints en noir. En effet, l’eau est un très bon choix car elle stocke beaucoup de chaleur proportionnellement à son volume. D’autres matériaux peuvent être choisis mais il faut que ceux-ci soient très denses, comme par exemple la pierre, le béton ou encore le sable. Le fait d’appliquer une peinture sombre, si les fûts remplis d’eau ne sont pas déjà foncés, permet d’attirer encore plus le rayonnement solaire.
Quel est l’intérêt d’une serre bioclimatique ?
Tout l’intérêt de l’utilisation d’une serre de jardin bioclimatique est de pouvoir faire de la culture de fruits et légumes ou de fleurs de manière efficace, grâce à un microclimat propice, sans utiliser d’énergie coûteuse, électricité ou autre, et sans trop d’efforts. Les serres bioclimatiques quel que soit leur type (car il en existe plusieurs que nous verrons plus bas dans cet article) fonctionnent toutes en mettant à profit l’énergie solaire. L’énergie provenant du soleil est gratuite, et une serre bioclimatique ne nécessite pas d’intervention de votre part, ou très peu. Comparée à une serre lambda sans chauffage, une serre bioclimatique, grâce au stockage thermique, présente des résultats bien plus intéressants en matière de température. Elle possède donc tous les avantages d’une serre chauffée, mais sans utiliser de chauffage et en éliminant donc les inconvénients financiers et environnementaux qui en découlent. Elle ne sera pas plus chaude qu’une serre classique, mais elle va être capable de maintenir cette chaleur plus longtemps et ainsi de réguler la température sur 24 heures, et notamment la nuit, le tout sans matériel électrique. Il existe même des habitations, encore peu répandues en Europe, auxquelles la serre est incorporée complètement. Dans ces bâtiments écologiques appelés géonef ou earthship, les serres constituent la totalité de la paroi sud de la maison, permettant à la fois de chauffer toute l’habitation et d’y cultiver une grande variété de fruits et légumes été comme hiver.
Différents types de serres bioclimatiques
Il y a différents moyens de procéder pour mettre en place une serre solaire passive, autre nom de la serre bioclimatique. Comme il existe des objectifs variés quand on décide d’en installer une.
La serre adossée
Cette serre, comme son nom l’indique, aussi appelée serre murale, est adossée à un mur de la maison. Pour l’installation d’une serre bioclimatique adossée, il faut impérativement que le mur en question soit côté nord par rapport à la serre. Pas toujours facile ! En effet, la disposition de votre habitation et de votre terrain ne permet pas toujours cette possibilité. Mais dans le cas contraire, le mur en dur de la maison va à la fois isoler du froid et à la fois diffuser la nuit la chaleur accumulée la journée. Les serres bioclimatiques adossées en verre trempé sont d’ailleurs souvent utilisées comme des vérandas, non pas pour une culture de légumes ou de plantes mais comme pièce à vivre supplémentaire, qui va contribuer à réchauffer le reste de la maison, notamment en hiver. Le vitrage peut être simple, double, voire triple, sachant que plus il est épais, plus il retiendra la chaleur, mais il sera aussi plus cher. Si vous penchez plus pour la serre bioclimatique potager que pour le mode véranda, sachez qu’en étant adossée à la maison, la serre vous offrira le loisir de venir cueillir vos légumes et plantes aromatiques sans même sortir de chez vous ! Serres Tonneau vous propose plusieurs modèles de serres murales suivant la place disponible.
La serre tunnel améliorée
Pas besoin d’investir dans une serre en verre trempé ou d’engager un architecte pour votre projet de serre bioclimatique au jardin. Une simple serre tunnel avec bâche plastique fait très bien l’affaire ! Comme nous l’avons vu plus haut, c’est la masse thermique qui permet d’accumuler puis de restituer la chaleur. Par conséquent, après avoir suivi les conseils de base en matière d’emplacement de serre et d’orientation, il vous faudra constituer un murs de bidons de couleur sombre remplis d’eau. Les bidons en plastique sont moins bons conducteurs que les fûts en métal mais ces derniers peuvent rouiller, c’est pourquoi il est préférable de les isoler du sol. Aujourd’hui la plupart des bâches de serre tunnel sont thermiques, c’est-à-dire qu’elles sont conçues pour laisser passer un maximum de chaleur et de lumière, ce dont ont besoin les végétaux cultivés sous serre. Mais il existe par ailleurs des bâches thermiques diffusantes qui vont permettre un ensoleillement maximal et homogène de l’intérieur de la serre mais aussi de limiter la perte de chaleur. Les avantages de la serre tunnel améliorée sont sa simplicité et son prix de revient, et le fait que même si vous avez déjà une serre depuis de nombreuses années, vous pouvez l’améliorer pour qu’elle devienne bioclimatique.
La serre en partie en dur
On peut choisir de cultiver dans une serre constituée d’un, deux voire trois murs en dur, seule(s) la ou les parties restantes sont bâchées (ou équipées de parois polycarbonate ou verre). Le ou les murs solides (la plupart du temps il y en a trois) permettent d’éviter tout désagrément lié au vent, et au froid qu’il pourrait provoquer. Par ailleurs, construits en parpaings, en pierre ou en béton, ces murs vont eux-mêmes servir de masse thermique quasiment tout le tour de la serre, retenant la chaleur encore plus efficacement. Si votre terrain possède une pente importante, celle-ci peut être mise à profit pour créer une serre solaire passive dont les « murs » seront en fait de la terre. Il faudra bien sûr creuser beaucoup, et cette solution n’est intéressante que si votre pente descend vers le sud et non vers le nord.
La serre enterrée
Beaucoup moins répandue et plus difficile à construire, la serre souterraine ou serre Walipini est un des types de serre bioclimatique. Très utilisée en Amérique du Sud, elle trouve son efficacité dans le fait que tout ou partie de sa structure est en dessous du niveau du sol. La terre a une température plus stable qui permet de protéger l’intérieur de la serre contre ses variations. Par ailleurs, ainsi placés, les végétaux ne sont pas vulnérables au vent puisque la serre n’est exposée que sur le dessus. Il vous faudra en revanche faire appel à un engin de chantier pour pouvoir creuser ce trou qui doit avoir au moins deux mètres de profondeur, car à la bêche, cela risque être long...
Construire soi-même sa serre bioclimatique
Vous pouvez tout à fait construire vous-même votre serre bioclimatique, ou la concevoir sur la base d’une serre traditionnelle, en verre, en polycarbonate ou serre tunnel. C’est de toute manière ainsi que l’on procède la plupart du temps. Il est rare d’acheter une serre bioclimatique toute faite, dans la mesure où une serre devient bioclimatique surtout par son emplacement, son orientation, son exposition, sa bonne isolation et l’installation de masses thermiques. Mais vous pouvez bien sûr prévoir la conception d’une serre bioclimatique sur un modèle que vous aurez imaginé sur mesure et fabriqué de vos mains. Il faut opter pour un modèle assez grand car, pour pouvoir restituer de la chaleur le moment venu, il faut pouvoir en accumuler une quantité importante, et pour cela, il faut de l’espace.
Le choix des matériaux
Si tous les types de serres peuvent servir pour la mise en place d’une structure bioclimatique, l’isolation a une importance primordiale, c’est pourquoi la serre en verre trempé est évidemment la mieux indiquée. Mais elle a aussi un coût, c’est la plus chère. Si vous avez les moyens, des parois en double ou triple vitrage en renforceront l’efficacité puisqu’ils laisseront encore moins passer le froid.
Les moyens mis en œuvre
Nous avons listé plus haut trois types de serres bioclimatiques. Il s’agit plutôt de trois moyens de transformer une serre lambda en modèle bioclimatique. Car rien n’empêche de cumuler ces solutions pour obtenir une serre encore plus performante. Par exemple, une serre en verre trempé peut être adossée à la maison et en partie enterrée. Une serre murale avec bâche plastique peut être équipée de nombreuses masses thermiques en plus de celle constituée par le mur de l’habitation.
La masse thermique
Comme nous l’avons vu plus haut, le stockage thermique représente l’un des points les plus importants dans une serre bioclimatique. C’est lui qui va permettre l’accumulation de chaleur à l’intérieur de la serre lorsqu’elle est pleinement disponible, et qui va procurer les avantages d’une serre chauffée, sans chauffage. La masse thermique peut être constituée par le mur d’une maison dans le cas d’une serre adossée, par la terre dans le cas d’une serre enterrée, par un mur en dur (parpaings, pierre…) ou par un matériau spécifique ajouté exprès. On peut pour cela choisir l’eau, qui a une très bonne capacité à retenir puis restituer la chaleur. Pour ce faire, on la place dans de grands fûts, de préférence de couleur foncée. Si ce n’est pas le cas, il est possible de peindre ces bidons d’eau pour attirer la chaleur. Le sable est un choix intéressant également.
Trouver l’emplacement
Il faudra évidemment trouver le meilleur endroit pour installer votre serre à énergie solaire. Une serre doit être placée de façon intelligente, c’est d’autant plus important pour une serre bioclimatique, de laquelle on attend des performances accrues. Choisir l’emplacement le plus approprié suppose que l’on a le choix, ce qui n’est pas forcément le cas suivant la superficie du terrain. Mais si c’est possible, il faut opter pour un espace dégagé, sans arbre autour pour être suffisamment exposé, mais tant qu’à faire, protégé du vent. La serre doit avoir un de ses grands côtés exposé au sud, et si c’est une serre à trois murs en dur, c’est le côté transparent qui doit évidemment être au sud.
Quelle réglementation pour une serre bioclimatique ?
La serre solaire ou bioclimatique est un bâtiment au même titre que les serres classiques. Elle obéit donc aux mêmes règles. Il faudra dans la très grande majorité des cas demander une autorisation préalable avant de l’installer. Vous pouvez consulter notre article sur la réglementation serre pour en apprendre davantage sur le sujet.
Vous l’aurez compris, le fait pour une serre d’être bioclimatique ne réside pas tant dans sa structure ou sa taille, mais plutôt dans la façon de la placer, de l’orienter, de l’aménager… L’objectif étant non pas de chauffer davantage qu’une serre lambda, mais de conserver au mieux cette chaleur afin de pouvoir maintenir la température intérieure, et ce sans consommation d’énergie fossile.
Alexis Tonneau
Alexis, cinquième génération à la barre de Les Serres Tonneau depuis 2021, incarne l'innovation au sein d'une tradition familiale débutée en 1962. Formé en ingénierie, avec un parcours enrichi dans la cosmétique et la chimie de l'emballage, il a choisi de poursuivre l'œuvre de sa famille en embrassant les défis du jardinage moderne. Passionné par le lien entre l'homme et la nature, Alexis voit le jardinage comme un acte de pleine conscience, un moyen de ralentir et de se reconnecter à soi dans un monde rapide.
Sous sa direction, Les Serres Tonneau promeut une vision du jardinage durable, rejetant la surconsommation pour des serres simples, efficaces, et écologiques. Alexis défend la permaculture et l'agroécologie, envisageant un avenir où culture et jardinage riment avec respect de l'environnement.
À travers ses écrits, il partage sa conviction que des pratiques durables peuvent transformer notre relation à la terre, encourageant chaque jardinier à adopter une approche plus consciente et respectueuse. Alexis aspire à inspirer une nouvelle génération de jardiniers, guidés par les principes de durabilité et d'innovation, pour cultiver un avenir plus vert pour notre planète.